UN DOLLARITO – SEPTEMBRE 2007
Je suis arrivé à Quito (la capitale) de façon non préméditée dans un contexte électoral vif et tendu. Le président Rafael Correa fraîchement élu a provoqué l’élection imminente d’une assemblée constituante pour rédiger une nouvelle constitution pour le pays. En déambulant dans les rues, l’agitation est visible, l’impatience palpable, l’exaspération perceptible, la révolte gronde. Le dollar américain est devenu la monnaie nationale depuis 2000 pour remplacer le sucre dévalué à l’extrême. Avec un taux de change de 1 pour 25000, la majorité de la population déjà en difficulté a pris de plein fouet les arrondis à la hausse lors du changement de monnaie. Un petit dollar (un dollarito ) représente le budget journalier de nombre d’Equatoriens vivant dans les villes. C’est peu, et c’est beaucoup à la fois car avoir un dollarito de plus équivaut souvent à doubler ce budget. Si dans nos pays occidentaux la rue est avant tout destinée aux activités commerçantes, en Equateur c’est un lieu d’expression : les prédicateurs, la bible dans une main, un mégaphone dans l’autre, hurlent leur foi ; des tribuns pourfendent les politiques accusés de corruption ; des rassemblements essaient de peser sur l’issue du prochain scrutin. L’Equateur semble en ébullition ou plutôt sous pression. Cette pression de la rue semble davantage refléter la somme d’exaspérations individuelles qu’une vague unitaire. Cette pression est pour l’instant contenue d’un côté par l’armée ou la police omniprésentes pour l’interdiction et d’un autre côté par la religion pour l’espérance. L’Équateur est en effet comme la plupart des pays d’Amérique latine profondément catholique.
Ces photos n’ont pas vocation à donner une idée générale de la situation du pays mais retracent uniquement ce que j’ai pu observer.