Pour avoir la démocratie, il faut y mettre le prix. En Moldavie, où les scrutins s’enchaînent depuis le 20 octobre dernier, les forces en présence pro-russes et pro-européennes l’ont bien compris.
Ce 20 octobre donc, outre le premier tour de l’élection présidentielle, le peuple était consulté par référendum sur l’engagement ou non de la Moldavie dans un processus d’adhésion à l’Union européenne. On ne s’attend pas seulement à ce que le peuple vote, on exige de lui qu’il vote bien. C’est ainsi que des observateurs officiels européens sur place ont constaté que des électeurs indécis étaient payés par quelques riches oligarques pour mettre un bulletin non dans l’urne. Dans ce pays, le plus pauvre de l’Europe géographique, c’est assurément un argument de poids. Inversement, l’Union européenne pousse également ses intérêts stratégiques : la bannière bleue à étoiles qui se déploie à travers le pays (hors Transnistrie) signale que l’Europe finance (avant même que la Moldavie soit membre de droit) des infrastructures, des routes à quatre voies, des ronds-points partout, des zones écotouristiques… toutes ces idées devenues banales dans nos contrées pour faire aimer l’Europe. Ce 20 octobre, le oui l’a emporté de peu (à 50,3% avec une participation de 50%). Quant à la République Moldave du Dniestr (plus connue sous le nom de Transnistrie) soviétique léniniste autoproclamée (20% de la population mais selon des estimations plus du tiers du PIB national moldave) elle conteste la légitimité du référendum. La tectonique des plaques est à l’œuvre : quand chacun reste dans son pré carré et se contente de sa zone d’influence, c’est la guerre froide (ce qu’on appelle la paix) ; quand les appétits se développent, c’est la guerre chaude, comme en Ukraine. Tous les ingrédients sont ainsi réunis pour que les populations locales subissent un jour ou l’autre le même sort que celles de Crimée ou d’Ukraine. Heureusement, les belligérants (l’Occident libéral et la Russie post soviétique) n’ont plus les moyens humains et économiques de leurs ambitions. De nos jours, la démocratie s’achète et se paie au prix fort avec des votes qui ne valent pas grand chose dans les conditions précitées. Mes dernières photographies à Chișinău sur le sujet datent du 18 octobre, soit deux jours avant le scrutin.
La capitale moldave à deux jours du référendum pour engager le processus d'adhésion à l'UE
9 images
Voir l'album
1 novembre 2024
Point de vue