Perpignan – vendredi 7 avril 2023
À l’inverse de Verlaine qui se demandait si ces hiers allaient manger nos beaux demains (Sagesse), on peut s’interroger sur certains hiers qui chanteraient pour conjurer des lendemains qui déchantent.
Je pensais encore récemment que la liturgie des réseaux sociaux, la célébration de l’algorithme, l’alléluia de l’IA, éteindraient à jamais la foi chrétienne, auraient raison de la plus moribonde des trois religions du Livre (en Occident du moins). Est-ce parce que la Science est impuissante à empêcher les guerres, les maladies, le dérèglement climatique et toutes les angoisses existentielles des hommes qu’on a toujours besoin de Dieu ? N’implorait-on pas en processions il y a quelques semaines, Saint Gaudérique pour faire tomber la pluie sur les Pyrénées Orientales en proie à la sécheresse ? Il paraît qu’en France les baptêmes d’adultes sont en recrudescence. Et que penser des sermons gouvernementaux, de ces homélies quotidiennes nous enjoignant la sobriété : ne sont-ils pas un appel à la pénitence ?
J’ignorais que la Semaine sainte en pays catalan fût toujours vivace. À l’occasion de Vendredi saint, Perpignan s’abandonne en prières, psalmodies et recueillement. Quelques huit cents pénitents de l’archiconfrérie de la Sanch (le sang du christ ressuscité en catalan) processionnent pour revivre la quête d’expiation qui animaient les flagellants de saint Vincent Ferrier, ce dominicain qui initia ce rite en 1416 (rite inscrit récemment à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la France). Je me suis non seulement intéressé à ces pénitents rouges ou noirs encagoulés dans leur caperutxes, dont certains même défilent pieds nus, mais j’ai aussi posé mon regard au-delà de la Passion du Christ, sur l’environnement des processions dont voici un échantillon.
Reportage sur la procession dite de la Sanch, des pénitents du Vendredi saint à Perpignan qui débuta en 1416.
Photographies argentiques prises au 50 mm.
20 images
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10 avril 2023
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