Pékin – 2018
Ceux qui ont eu la chance de visiter l’exposition sur la Chine d’Henri Cartier-Bresson ou de feuilleter son catalogue et qui ont suivi l’actualité sinique, ont pu mesurer la précision de la prophétie d’Alain Peyrefitte exposée en 1973, soit trois ans avant le décès du Grand Timonier.
Depuis, la Chine s’est effectivement éveillée (première partie de la prophétie) et le monde (sous-entendu occidental) commence à vaciller (deuxième partie de la prophétie qu’on a oubliée), sans qu’elle en soit pour autant la seule responsable. Il me semble qu’elle a plus changé ces quinze dernières années que lors des soixante précédentes années. La multiplication des éclairages dans le temps, dans des contextes et selon des regards personnels différents est intéressante.
Il serait ridicule et ô combien fat de comparer des styles photographiques, des auteurs. En revanche, mettre en perspective des documents qui portent une narration a du sens. La Chine d’Henri Cartier-Bresson photographiée entre novembre 1948 et octobre 1949, puis de juin à octobre 1958 nous raconte la Révolution maoïste à travers le quotidien des gens. Rien dans ces reportages ne laissait présager le poids économique de la Chine d’aujourd’hui.
Sur un temps bien plus court, j’ai séjourné un mois en Chine en octobre 2005, trois ans avant les J.O de Pékin. À cette époque, on se disait que tout pouvait basculer à l’instar de l’URSS, que les J.O seraient le cheval de Troie du capitalisme triomphant. À la suite d’un séjour encore plus court d’une semaine en août 2018, et cette fois à Pékin seulement sur ma route en direction de Pyongyang, je me demande encore si le communisme est en train de phagocyter, de digérer le modèle occidental, ou au contraire si le modèle maoïste s’est mué en société de consommation débridée. Les Barbie de 2005 semaient un doute, les photographies de 2018 sont plus éloquentes sans qu’il soit encore possible de se prononcer. Seule la vérité de petits faits compte. À suivre…

2 décembre 2019
Point de vue