Rue Porte Jaune (Bourges)
Il me semblait que la colère était associée au rouge. Depuis novembre 2018, elle aurait viré au jaune, la couleur de la bile ?
Si un jour on écrit sérieusement l’histoire de cette flambée jaune qui rejaillit chaque samedi, on notera que la grande conquête de cette colère aura été la redécouverte du sens profond de la devise nationale. On pensait que les grands mouvements sociaux étaient finis en raison d’acquis sociaux bien acquis… A qui ? Plus personne ne semble savoir, du moins pas ceux qui en étaient les bénéficiaires initiaux, autrement dit le « peuple » pour reprendre une terminologie politicienne bien pommadée. Inconscients, sourds et aveugles les influents de la société française qui n’ont rien vu venir ?
Liberté : de nos jours elle ne se conçoit que sur le plan économique. Le sacro-saint pouvoir d’achat en est le concept, la voiture particulière en est le symbole. Les germes de la colère sont là.
Egalité : c’est le moyen du premier terme du triptyque. Le sentiment d’injustice est le carburant de la colère.
Fraternité : c’est la condition d’une certaine égalité. Alors certains ont décrété que les ronds-points seraient les autels de la fraternité retrouvée, entre générations différentes, entre milieux différents, qui ont comme point commun d’avoir le sentiment d’être spoliés et d’être, comme on dit dans les milieux intellectuels, les perdants de la mondialisation.
Alors chaque samedi, on se retrouve dans des manifestations improvisées pour défier les institutions, les choses établies, pour briser ces chaînes de l’indigence qui confinaient à une solitude mortifère. L’esprit est pacifique mais la réalité souvent violente. Ainsi parfois va la France dans les hoquets de l’histoire depuis 1789, comme si la révolte était le seul moyen de surmonter la déraison des hommes.
« Je me révolte donc nous sommes » – Albert Camus
21 janvier 2019 à 7 07 59 01591
Avez vous remarqué comme il y a peu (ou pas, je n’en ai vu aucun) de selfies de gilets jaunes, comme si enfin on avait décidé de regarder ailleurs que vers son nombril ?!
Les réseaux sociaux étaient devenus le lieu de parole pacifiste ou haineuse, modérée ou exaltée… un défouloir pour le « petit peuple » qui se croyait alors à la hauteur des « grands », se permettant d’interpeller impunément, tel ministre, banquier ou quelque autre puissant à travers son twitter ! Et c’est par ce même biais que nos politiques magnanimes et modernes répondaient. Le nouvel opium du peuple.
Le réveil est brutal pour tout le monde… Tout le monde ? Vraiment ? Qu’importe, c’est au moins le réveil du NOUS illustré par une série de photos pertinentes.
21 janvier 2019 à 14 02 06 01061
Oui bonnes photos. Dommage qu’elles soient pas en couleur, bien jaune !
21 janvier 2019 à 9 09 47 01471
Je n’ai plus ni l’âge ni la santé de battre le pavé, mais je me réjouis que les retraités soient très présents aux côtés des plus jeunes. Alors merci d’avoir crevé l’écran de télé avec vos photos. Est-ce la vraie res publica qui s’exprime chaque samedi ? Les citoyens ont décidé de ne plus s’abstenir à leur manière, il ne faut pas s’en plaindre.
21 janvier 2019 à 10 10 30 01301
Hugo chez les Gilets jaunes j’adore . Merci pour ces photos.
21 janvier 2019 à 22 10 09 01091
Le peuple, toutes catégories confondues fait savoir son désarroi, sa soif de colère, son ras le bol dans une société, Notre société dite « moderne »…
En revanche, je déplore l’usage de la violence, la destruction de biens, le pillage de magasins et autres, la casse,etc…malgré que c’est suite à ce phénomène de violence que certaines revendications se concrétisent.
il n’en est pas moins que les photos sont splendides, bien choisies.
Merci pour ce nouveau souffle
Christine
21 janvier 2019 à 22 10 40 01401
A chaque fois qu’il se passe un événement d’ampleur, je vais sur le site de l’agence Magnum, qui regroupe les meilleurs photographes du monde, pour avoir leur point de vue, la qualité d’un regard. Sur les Gilets jaunes, c’est la déception, rien qui ne vaille la peine. Du jaune bien pétant pour des scènes que n’importe qui pourrait photographier. Alors je vous dis chapeau pour la qualité narrative des photos que vous présentez. A poursuivre sans modération !
24 janvier 2019 à 21 09 10 01101
Merci. Poursuivre, certes mais sur la durée, sans se contenter des manifestations, autrement dit des temps chauds…