Moulins – 1er mai 2018
Mai, ce joli mois, est habituellement celui que la nature a choisi pour bourgeonner, pour ensoleiller notre quotidien. Beaucoup, nostalgiques de l’année 68, attendent et espèrent qu’il ensauvage l’ordre établi, qu’il porte des mouvements sociaux d’ampleur. Ainsi, est-on invité le 1er mai à acheter un brin de muguet et à participer aux cortèges syndicaux, lesquels manifestent, protestent, s’indignent contre l’économie libérale qui détruit l’emploi et l’humain. Cinquante ans après, les sociologues s’interrogent encore sur les raisons qui ont déclenché mai 68. Tout le monde aimerait bien le savoir en fait, les pouvoirs publics (quoique quelques-uns de ses représentants étaient sur les barricades) pour empêcher qu’il ne se reproduise, les manifestants pour le rééditer…
J’étais ce matin dans la rue pour humer le muguet et l’envie syndicale. Le soleil était au rendez-vous. Quelques photographies d’époque me font deviner qu’il pouvait y avoir au même endroit quelques milliers de personnes il y a cinquante ans. Aujourd’hui, une rapide évaluation permettait de décompter deux cents personnes tout au plus, pas de quoi justifier un cortège syndical, alors on demeurera place de la Liberté. Les cheveux ont blanchi, mais pour entretenir l’espoir, on essaie d’intéresser quelques enfants qui ont bien voulu lâcher leurs jeux vidéo. L’amertume et la rancœur exprimées à travers la sono assourdissante est palpable, il y a même des cheminots en grève dans le regroupement. On a la nostalgie des révoltes d’antan. On ne comprend pas ce qui a pu changer à ce point en cinquante ans. La colère qui semble bouillir aux comptoirs des cafés et sur les réseaux sociaux n’aboutit qu’ à une incompréhensible apathie. Pour les sociologues, la société s’est certainement embourgeoisée.
Plus concrètement, l’appareil photographique est pour moi le moyen d’interroger cette société qui change. La pellicule une fois développée laisse apparaître quelques détails, que chacun pourra rendre éloquents ou signifiants pour lui-même…
1 mai 2018 à 20 08 12 05125
Hello Laurent, encore une chouette série qui invite à réfléchir. Que des photos banales en apparence, mais tout est dans « les détails » comme à chaque fois : cette première photo est terriblement pathétique : une main portant le drapeau, l’autre tenant ce qui semble être une cannette de Coca, quelle opposition de symboles ! Ce n’est pas le plus voyant qui est le plus fort…
1 mai 2018 à 20 08 54 05545
Et que dire Christian de la photo de tête… On lève le pavillon Apple et on baisse celui du Syndicat… Un brin cynique notre photographe aujourd’hui !
1 mai 2018 à 21 09 13 05135
Cynisme ? Est-ce ma faute si des firmes multinationales américaines humanistes s’invitent au 1er mai ?
Plus sérieusement, ces photographies n’affirment rien, ne critiquent personne. Il ne s’agit que de capter l’air du temps et de s’interroger sur les changements qui sont intervenus ces dernières décennies. Les militants et les scientifiques ont chacun leurs réponses.
1 mai 2018 à 22 10 48 05485
Bonsoir Laurent,
« MAI 68″ est devenu comme une « révolution des moeurs » dans l’esprit de milliers de gens. Les syndicats appellent aux manifestations massives afin de préserver les acquis, les emplois et plus selon les secteurs d’activités, qu’il soit public et privé….
Néanmoins, je m’interroge sur le fait de savoir si « MAI 2018″ devient « MAI 68″ sommes-nous prêts à affronter et à assumer les conséquences qui en découleraient?
Christine
2 mai 2018 à 10 10 15 05155
Christine, il n’y a aucun risque que mai 18 devienne mai 68. La société s’est « bobo-isée » : on roule en 4×4 ou assimilé, on ne pense qu’aux loisirs, on joue avec son smartphone, on remplit son caddie, on mange bio parce que c’est la nouvelle mode… Les manifestations syndicales du 1er mai comme les grèves sont devenues du folklore. C’est bien un jour ou deux, mais dès que ça dérange son petit confort, comme avec la SNCF, on n’est plus d’accord.
1 mai 2018 à 20 08 27 05275
Sitôt prises sitôt développées et publiées… C’est rapide l’argentique
C’est un 1er mai spécial, 50 ans après… Je n’ai pas connu 68, mais j’ai vu des photos d’époque. Les vôtres et vos mots font naitre en moi un sentiment partagé : d’un côté de la résignation, de l’autre de l’espoir que les choses changent avec ces jeunes qui participent, même si certains font des avions en papier avec les tracts !