La Grande Guerre

22 mars 2018

Histoire d'une photo

Qom2

Qom – octobre 2017

   La commémoration est l’une des expressions du roman national et force est de reconnaître que les époques de grand malheur en constituent les chapitres les plus forts, les plus rassembleurs. La Grande Guerre, la Der des der, plus jamais ! 

  Celle dont il est question dura huit ans et fit un million deux cent mille morts. Elle s’est terminée il y a tout juste trente ans. Dans cette région du monde, si on s’est battu deux fois plus longtemps au grand bénéfice des vendeurs d’armes – on a été quinze fois plus économe en vies humaines qu’en Europe soixante-dix ans auparavant. Le parallèle est probablement intéressant pour les historiens, mais la comparaison est bien dérisoire tant la douleur ne se chiffre pas. En Iran, les morts sont encore dans les têtes et pleurés dans tous les cœurs. Partout où je me suis rendu, j’ai vu ces veuves, ces petits frères et petites sœurs qui viennent passer chaque jour un petit moment avec leurs défunts dans les lieux du souvenir, sous les représentations monumentales patriotiques de ceux qui les menèrent au combat. Etrangement, jamais les populations n’adressent un quelconque reproche à leurs Etats qui ont scellé le sort de leurs enfants, pas plus ici que dans les démocraties occidentales, comme s’il y avait d’une connivence inavouée…

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À propos de LAURENT JEANNIN

Depuis plus de 30 ans, Laurent Jeannin parcourt le monde à la découverte de sa plus grande richesse : ses peuples. Il fait souvent le grand écart entre l'Amérique du sud et l'extrême orient sans pour autant négliger l'Europe et bien sûr la France. La photographie est son mode d'expression favori, qu'il conjugue sous forme de diaporamas en fondu enchaîné et sous forme de photographies noir et blanc dont il assure lui-même le traitement. "L'acte photographique n'a de sens et d'intérêt que parce qu'il me permet de comprendre le monde, ni plus ni moins. Photographier ce qu'on pense rend aveugle, penser à ce qu'on photographie rend borgne. Alors je préfère me laisser surprendre par la vie : le hasard compose, je dispose."

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14 Réponses à “La Grande Guerre”

  1. Georges Dit :

    Effectivement, le parallèle que vous exposez est à tous points de vue étonnant. C’est encore une photo très forte qui est proposée : le noir et blanc, la composition impeccable donnent à cette scène un caractère implacable. L’Iran musulman ne doit pas être si facile à photographier…

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    • LoJ Dit :

      Merci pour ce commentaire. En fait, photographier l’Iran n’est pas plus compliqué que s’agissant de n’importe quel autre pays dès lors qu’on s’attache à saisir des situations et non pas à viser les personnes en tant que telles, je veux dire pour leur « exotisme ». Il y a une nuance entre s’intéresser, questionner et mitrailler en étant voyeur comme si on était au zoo. Sans doute a-t-on une grande responsabilité quand on a un appareil devant les yeux…

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  2. Ludo Dit :

    En Iran, on dirait que toutes les scènes sortent de l’ordinaire. Difficile de rater une photo. L’intérêt d’une photo est toujours plus ou moins lié à l’exotisme du sujet et là, les femmes voilées font toujours de l’effet.

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    • TERRY Dit :

      Mon commentaire est hors sujet et pourra donc être supprimé sans que cela me choque mais franchement, Ludo, vous arrive-t-il de réfléchir avant d’écrire un commentaire ?
      Croyez-vous vraiment qu’une photo est bonne simplement parce que le sujet est exotique ? Alors, on peut considérer comme de bonnes photos toutes les photos souvenirs que rapportent chaque années des milliers de touristes qui consomment du voyage exotique ? Des milliers de photos sans aucune photo ratée ?…
      Avant de donner mon opinion sur ce reportage, j’attends justement les photos de l’ordinaire iranien…

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      • LoJ Dit :

        S’agissant d’une photographie, présenter de l’intérêt et être bonne, ce n’est pas la même chose (la deuxième qualification n’intéresse objectivement et en définitive que les aficionados de la photographie). On peut avoir les deux, ou l’un sans l’autre. Pour beaucoup de gens, l’intérêt est principalement nourri par la curiosité, autrement dit par ce qui sort de leur ordinaire. Il faut savoir que la photographie de cet article est tout ce qu’il y a de plus ordinaire pour les Iraniens ; en revanche, ce qui est ordinaire pour un Européen est extra-ordinaire en Iran. Mais revenons à l’essentiel… Je suis davantage partisan de laisser de côté les photographies (en tant que telles) pour m’apesantir sur ce qu’éventuellement elles suggèrent ou évoquent, ce qu’elles laissent entrevoir, c’est-à-dire ce en quoi elles interpellent ou questionnent.

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      • Ludo Dit :

        Je puis vous retourner la question Terry… Quel est l’intérêt de photographier l’ordinaire, c’est à dire ce qu’on voit tous les jours ? Que la photo de reportage serve à témoigner ou à distraire, son but est de montrer des choses ou des modes de vie qui nous sont étrangers.

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        • Christian Dit :

          Ludo, si on considère le monde comme un parc d’attractions, votre argument est imparable… Mais je crois comprendre que ce photographe qui écrit en plus (je vous conseille de le lire au moins une fois) nous propose de réfléchir sur ce monde dans lequel vous vivez, pas de s’en amuser.

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          • Ludo Dit :

            Vous avez raison Christian, notre petite planète est devenue un grand parc d’attraction ! Par manque de lucidité ou par hypocrisie, on fait semblant de croire au folklore qu’on nous vend. Car tout s’achète et tout se vend de nos jours. Les pays d’accueil (la France première destination touristique du monde en fait partie) ont bien compris l’intérêt économique et pour chaque individu en contact avec les touristes, il s’agit simplement de gagner sa croûte en faisant couleur locale. Le client est roi, pas vrai ? Et il s’amuse à faire de belles photos…

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            • LoJ Dit :

              En l’occurrence, je doute que les femmes représentées sur cette photographie avaient à l’esprit de « faire couleur locale », d’autant qu’elles ignoraient ma présence.

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  3. Aline Dit :

    Géniale photo ! L’Iran est fait pour le noir et blanc et on dirait que les hommes ne sont nés que pour souffrir et faire souffrir. Hier la guerre, aujourd’hui le terrorisme :-(

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  4. debarros Dit :

    La guerre, pour qui ? pour quoi?
    Photo en noir et blanc très touchante et forte de sens. N’en avons-nous pas assez de cette tuerie ? Nous assistons à la commémoration de femmes qui pleurent leurs proche.
    iL est temps de dire non à la guerre, sous toutes ses formes, oui à la paix….
    « PLUS JAMAIS, PLUS JAMAIS CA ».

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    • LoJ Dit :

      Il semble que pour apprécier le jour, il faut connaître la nuit. Il en est de même de la valse des saisons. Il y a toujours de bonnes raisons de faire la guerre, économiques le plus souvent… Ainsi va la vie des hommes…

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      • christine Dit :

        J’apprécie ce que vous faîtes, tous ces voyages dans le monde afin de nous rapporter les diverses coutumes et leurs façons de vivre dans les autres pays à travers des photos, des livres écrits par vous-même sans oublier les expositions.
        Vous m’avez réconciliée avec la lecture et je vous en remercie.
        j’ai hâte de voir la suite sur L’Iran….. et plus encore.
        Merci encore…..

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