Jérusalem – octobre 2016
Nous vivons dans un monde pressé, pressant, dans lequel il faut montrer ce qu’on fait, tout ce qu’on fait et vite ! Sitôt ressenties, les émotions doivent être exprimées sur les réseaux sociaux comme pour se justifier ; sitôt capturées, les images doivent être publiées sur la toile comme pour prouver qu’on existe…
Cela fait près de deux mois que je suis rentré d’Israël. Prendre son temps, que c’est agréable ! La photographie traditionnelle et l’écriture sont parfaitement adaptées pour ralentir le tourbillon du quotidien : développer les pellicules, tirer les planches-contacts, les examiner patiemment au compte-fils, opérer une sélection et entourer au crayon gras rouge les photographies élues, celles qui retiennent plus que l’attention.
Un reportage photographique est un cheminement, fait d’atermoie-ments, de ratés et parfois de belles choses quand le hasard a décidé de se montrer généreux. Ainsi, je distingue le tout-venant présenté ici, du meilleur qui mérite un espace plus noble qu’un écran d’ordinateur. Comme les bijoux, mieux mis en valeur dans un écrin que dans les rayons d’un supermarché, les meilleures photographies sont mieux présentées dans le cadre extraordinaire d’une exposition, sur des cimaises et dans un livre avec un texte en résonance, patiemment mûri.
L’album du présent article est donc un préambule, qui donnera envie ou pas de découvrir le choix ultime dans l’espace solennel de l’exposition, de parcourir le livre associé : il faudra patienter plusieurs mois. Ce parti pris résilient est une façon de retrouver le goût de l’attente, le plaisir de l’à venir, de repoétiser un quotidien passablement désenchanté par l’impatience technologique, façon aussi de redonner du lustre à ce qui en mérite, de séparer le bon grain de l’ivraie qui inonde Internet, de reprendre la main sur un système sans valeurs, qui banalise, qui nous dépasse, qui nous épuise, dans lequel tout se vaut, aplatissant ainsi la hiérarchie des valeurs.
A Jérusalem-ouest, le goy en visite est obnubilé par le judaïsme ostensible. C’est ce que cette partie de la ville semble ne vouloir que montrer, qu’on photographie exclusivement (même de la part des professionnels) et qu’on voit uniquement sur Internet. Alors je ne dérogerai pas à cette règle du cliché vendeur en ne présentant ici ce qui ne mérite pas autre chose que l’écran. En revanche, il faut savoir oser, ou aller au-delà de cette facilité, de cette réalité déguisée, sortir de l’anecdotique, du point de vue folklorique. Ce sera un des objets de l’exposition et du livre à venir…

31 décembre 2016 à 19 07 17 121712
C’est drôle, je dois vivre dans un autre monde car en rentrant d’Israël où j’étais aussi pour Souccot (décidément, nous y étions nombreux cette année !), il ne m’est pas venu à l’idée de montrer les clichés dont on nous rebat les mirettes !
Après, je dois dire que les photos de cette série aussi « ordinaire » soit-elle à lire l’article, ne manquent ni d’intérêt ni de qualité !
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Les clichés ne le sont que pour celui qui les photographie. Pour les Juifs pratiquants, il n’est pas question de folklore, cette réalité religieuse fait partie de Jérusalem et je ne voyais pas de raison de l’écarter volontairement sous prétexte qu’elle est beaucoup photographiée, y compris par des photographes de renom qui s’y trouvaient aussi (Abbas par exemple). Mais je montrerai beaucoup mieux sur ce sujet le moment venu, promis !
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Et ben, ça doit être quelque chose le reste ! Mais c’est frustrant de ne pas le voir tout de suite. Pourtant, Internet c’est la meilleure façon d’être reconnu non ? Bonne année 2017 Laurent !
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Être connu sur internet, c’est comme être riche au Monopoly !
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Oui mais quand on est pauvre dans sa vie… (je ne parle pas du porte-monnaie)
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Bonsoir Aline,
Je ne photographie pas pour être reconnu, mais parce que j’aime cela autant qu’écrire. Je suis comme Antée : j’ai besoin de toucher terre (donc pas la virtualité de la toile) pour me sentir bien !
Bonne année également !
31 décembre 2016 à 21 09 11 121112
Et bien en ces moments de voeux, voilà une promesse de superbe reportage qui sera tenue. J’ai lu et feuilleté Repères, j’attends Israël avec impatience… Tous mes bons voeux pour 2017 !