Un petit effort

14 mars 2016

Histoire d'une photo

09-1945

6 juin 2014

  Avoir un lumbago n’est pas idéal pour photographier. Il fallait bien qu’il se passât quelque chose de spécial sous mes fenêtres pour que je me fisse violence, que je trouvasse l’énergie et la motivation pour m’arracher péniblement à mon sort…

  Je marchais courbé comme un nonagénaire entre les véhicules militaires qui stationnaient, sous l’œil compatissant de leurs propriétaires collectionneurs vêtus de vêtements militaires pour célébrer le soixantième anniversaire du D-Day. N’y tenant plus je m’adossai sur le flanc d’un vénérable command-car pour soulager mon dos. Le bout de deux fusils-mitrailleurs dépassait du siège conducteur sur ma droite. Après un petit répit, je fis un petit effort pour faire courir mon regard jusqu’à leur crosse. La curiosité n’est pas toujours un vilain défaut…

À propos de LAURENT JEANNIN

Depuis plus de 30 ans, Laurent Jeannin parcourt le monde à la découverte de sa plus grande richesse : ses peuples. Il fait souvent le grand écart entre l'Amérique du sud et l'extrême orient sans pour autant négliger l'Europe et bien sûr la France. La photographie est son mode d'expression favori, qu'il conjugue sous forme de diaporamas en fondu enchaîné et sous forme de photographies noir et blanc dont il assure lui-même le traitement. "L'acte photographique n'a de sens et d'intérêt que parce qu'il me permet de comprendre le monde, ni plus ni moins. Photographier ce qu'on pense rend aveugle, penser à ce qu'on photographie rend borgne. Alors je préfère me laisser surprendre par la vie : le hasard compose, je dispose."

Voir tous les articles de LAURENT JEANNIN

6 Réponses à “Un petit effort”

  1. Aline Dit :

    Sans l’explication, on se croirait presque en Syrie…

    Répondre

  2. TERRY Dit :

    Voilà ce que j’appelle une pépite. Une de ces photos inattendues qui en dit plus que le contexte pouvait le laisser présager.
    Quoi de plus banal, en effet, que ces reconstitutions où les adultes jouent à être ce qu’ils ne sont pas, jouer les soldats victorieux dans un pays sans guerre, quoi de plus puéril ! Et au milieu de cette mascarade, un enfant dans son vrai rôle d’enfant, un enfant qui s’ennuie, qui s’ennuie intensément aurais-je envie de dire…
    Car l’ennui est un temps important dans la vie d’un enfant, quelque chose que notre société néglige trop souvent. L’ennui engendre le rêve et le rêve, l’envie indispensable à la construction intellectuelle de l’enfant hors des agendas de ministres qu’on a trop souvent tendance à leur concocter et très loin, bien sûr, de ces ersatz de vies que sont les réseaux sociaux auxquels sont connectés en permanence les enfants d’aujourd’hui.
    Ici donc, tandis que les grands jouent à la guerre ou à la paix, avec ces armes rutilantes, un enfant a la chance de s’ennuyer tandis qu’ailleurs des enfants soldats ne s’ennuient pas, ne rêvent pas, ne jouent pas… ailleurs la scène eût été bien différente…

    Répondre

Laisser un commentaire

Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus