Tirana – octobre 2015
Une photographie, c’est un peu le divan du psychanalyste. C’est autant son auteur que celui qui la regarde ensuite qui « fait ou pas la photo ». Au-delà du questionnement « Pourquoi a-t-il (ou elle) cadré cela et déclenché à ce moment là ? Que m’évoque-t-elle ? », celui qui la regarde lui injecte aussi sa psyché…
En l’occurrence, cette photographie est littéralement un point de vue. Je pourrais longuement disserter sur mon ressenti au moment du déclenchement et plus encore après que j’ai entouré de rouge cette vue sur la planche de contacts (autrement dit justifié sa sélection pour l’exposition et le livre à venir), mais ce serait exprimer une opinion. Autant le point de vue se partage, autant l’opinion est personnelle même si on peut la communiquer.
Pour que cette scène d’une confondante banalité a priori suggère un quelconque intérêt, ressenti ou début de réflexion, il convient de regarder la photographie dans sa globalité. Ce n’était évidemment pas ce seul quidam qui justifiât cette prise de vue. De même, ce n’était pas cette seule architecture urbaine qui motiva le déclenchement. Même le seul contraste entre l’édifice religieux et la tour en construction, celui des croix au sommet de l’église avec celle symbolique plus élevée formée par la grue eût été insuffisant pour m’inviter à fixer ce décor sur la pellicule. En revanche, l’instant choisi qui positionne les éléments d’une scène les uns par rapport aux autres peut faire naître une dialectique plus ou moins consciente, propre à susciter l’intérêt, le ressenti, la réflexion. En vérité, le choix de l’instant est le seul moment de création en photographie.
Maintenant, à partir de cette cette banale photographie, chacun pourra former son opinion pour lui-même, la fera partager ou pas…
16 janvier 2016 à 11 11 16 01161
Voilà de grands mots pour une photo banale à la portée de n’importe qui ! J’avoue ne pas comprendre grand chose à votre charabia. Il aurait mieux valu garder l’image en couleur plutôt que de la désaturer. En couleur, l’église aurait été plus jolie. Et si vous l’aviez prise sous un autre angle pour éviter de mettre dans le cadre cette vilaine tour en béton ! Avec le matériel on peut faire tellement de belles choses de nos jours. Cette grisaille ne donne pas envie d’aller en Albanie…
16 janvier 2016 à 11 11 39 01391
Désolé, je le suis vraiment… Cette scène, comme toutes les autres que j’ai photographiées, n’a pas pour objet de promouvoir l’Albanie comme destination touristique. Je n’ai donc pas pour ambition de produire des cartes postales à la portée du plus grand nombre. Quant à la couleur pour la publication, ce n’est pas un choix : le fichier résulte de la numérisation d’une pellicule noir et blanc. En revanche, c’est un choix assumé pour la prise de vue. Enfin, pour mon « charabia » que vous est incompréhensible, j’en suis sincèrement désolé. Merci pour votre commentaire, il est éclairant.
16 janvier 2016 à 12 12 10 01101
Tout le mal que je vous souhaite Albert, c’est d’être capable un jour de faire ce genre de photos banales. Question de regard plus que de matériel
16 janvier 2016 à 12 12 54 01541
Le personnage au premier plan attire trop le regard. C’est gênant. Le photographe aurait pu attendre qu’il soit passé. Ce n’est pas parce qu’une photo est en noir et blanc qu’elle est forcément bien…
17 janvier 2016 à 1 01 25 01251
Euuuh, Albert, je crois que chacun des éléments qui apparaissent sur cette photo, est voulu… ça s’appelle un témoignage, pas une carte postale
17 janvier 2016 à 19 07 02 01021
Du coup, le commentaire d’Albert illustre parfaitement le propos énoncé dans l’introduction : « C’est autant son auteur que celui qui la regarde ensuite qui fait ou pas la photo ». Certains chercheront une carte postale là ou d’autre y trouveront un témoignage. CQFD. Laurent, je te soupçonne d’avoir écrit toi même ce commentaire pour prouver tes dires
17 janvier 2016 à 19 07 13 01131
J’ai surtout prouvé que je ne pourrai pas faire des affiches vendeuses comme les tiennes
16 janvier 2016 à 12 12 33 01331
Et bien moi je dis bravo ! Quand on considère la m…. qu’on nous propose y compris par des professionnels, on aimerait voir plus souvent ce genre de photo. Première visite mais je reviendrai…
17 janvier 2016 à 9 09 45 01451
De quoi s’agit-il Albert ? Là, je me permets de délivrer une opinion personnelle pour différencier une image d’une photographie : la première reproduit ce qui est visible uniquement (disons l’église pour reprendre l’élément qui vous semble intéressant ici) , la seconde a pour objet d’une part de révéler ce qui est invisible parce que fugace, d’autre part de convoquer la curiosité ou d’inviter celui qui la regarde à s’interroger. En l’occurrence, il m’est apparu, à ce bref instant au cours duquel j’ai déclenché, une mise en scène du hasard qui révèle quelque chose d’invisible à l’œil mais néanmoins évident, ce que j’appelle une dialectique multiple : un rapport entre l’individu et la religion (et vice versa) représentée par l’église, un rapport entre la religion et le monde moderne représenté par la tour (et vice versa également), et en conséquence un rapport entre l’individu et son environnement actuel dans lequel la religion et la modernité ont une certaine place. Chacun de ces trois éléments n’a d’intérêt que parce qu’ils symbolisent, ils traduisent une universalité qui fera peut-être écho avec l’opinion de chacun sur ces sujets de société. Vous aurez compris j’espère, que l’Albanie n’était qu’un prétexte avec cette photographie.
17 janvier 2016 à 10 10 01 01011
Et le beau dans tout ça ???
17 janvier 2016 à 10 10 24 01241
C’est plutôt l’affaire de l’artiste, non ?
17 janvier 2016 à 11 11 17 01171
?????
17 janvier 2016 à 12 12 46 01461
Il n’est pas question d’art ici. Ce genre de photo rentre dans la catégorie reportage ou, comme dit Terry du témoignage.
21 janvier 2016 à 16 04 26 01261
Il y a l’instant de la rencontre entre le photographe et son sujet. Il y a assurément aussi l’instant de celle entre l’image et celui qui la réceptionne et les commentaires qui précèdent le mien sont éclairants à cet égard. Toute communication – et je ne parle pas spécifiquement de l’art ici : qui peut honnêtement se targuer d’en délimiter les frontières ? – est nécessairement la confrontation de deux subjectivités. Un exemple ? Je suis toujours partisan pour ma part d’injecter du vivant dans l’image, de capter du passage dans une scène de rue ou un paysage, mais ce n’est là – même si j’ai mille mots pour le justifier – que la manifestation de ma subjectivité. Cette image me parle donc parce qu’elle rencontre les canons de ma subjectivité. « Cette image me parle parce que… »: que dire de plus, de mieux pour exprimer l’instant de la rencontre ?
21 janvier 2016 à 16 04 42 01421
Tout le monde n’est pas fait pour se rencontrer et c’est heureux ! Le hasard et les sensibilités (ou subjectivités comme tu le dis Marco) se ménagent des conciliabules auxquels chacun sentira s’il y est convié ou non, même si tous les points de vue sont recevables.