Être ou ne pas être Charlie

16 janvier 2015

Point de vue, Reportages

Quand survient l’horreur comme celle s’exprima à Paris du 7 au 9 janvier 2015, qui plus est sciemment et volontairement provoquée par le terrorisme, chacun passe par toutes sortes de phases émotionnelles passant de l’incrédulité à la colère, la réflexion (comment en est-on arrivé là ?) n’arrivant quant à elle qu’en fin de procès ou jamais. Comme souvent, un slogan venu d’on ne sait où émerge et s’impose, repris en écho par tout le monde ou presque, chacun se l’appropriant comme pour adoucir les meurtrissures individuelles et collectives du moment. C’est très à la mode dans ce genre de circonstances, on se souvient du « nous sommes tous Américains » du 11 septembre 2001.

Comme un coup de crayon, photographier « Je suis Charlie » est une façon de prendre du recul, de dépasser le slogan, son caractère incantatoire, mobilisateur, fédérateur, enthousiasmant et optimiste pour dissoudre les égoïsmes, mais aussi réducteur, limitant, simpliste, racoleur et n’oublions pas aussi intéressé pour certains opportunistes. Ainsi, ces photographies proposent-elles seulement un point de vue en phase ou décalé sur les conséquences des tueries, à partir duquel chacun pourra se forger sa propre opinion, plus riche que la binarité dans laquelle nous enferme la société hyperconnectée.

Charlie
Album : Charlie
Photographies prises le 8 et le 11 janvier à Bourbon Lancy et Moulins sauf la dernière du 13 janvier sur internet
16 images
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À propos de LAURENT JEANNIN

Depuis plus de 30 ans, Laurent Jeannin parcourt le monde à la découverte de sa plus grande richesse : ses peuples. Il fait souvent le grand écart entre l'Amérique du sud et l'extrême orient sans pour autant négliger l'Europe et bien sûr la France. La photographie est son mode d'expression favori, qu'il conjugue sous forme de diaporamas en fondu enchaîné et sous forme de photographies noir et blanc dont il assure lui-même le traitement. "L'acte photographique n'a de sens et d'intérêt que parce qu'il me permet de comprendre le monde, ni plus ni moins. Photographier ce qu'on pense rend aveugle, penser à ce qu'on photographie rend borgne. Alors je préfère me laisser surprendre par la vie : le hasard compose, je dispose."

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Une réponse à “Être ou ne pas être Charlie”

  1. MARIE Dit :

    J’ai été photographe… entendez par là reporter… c’était quelque chose de viscéral, le LEICA M dans la poche, toujours prête à shooter, mais c’était avant, dans une autre vie sans doute. Avant que ne tourne en boucle dans ma tête, cette phrase de Thiéfaine « les démasqueurs de scandales prennent le Goulag pour Disneyland », je croyais dénoncer, tout au moins témoigner…
    Bref, lors de ces journées, j’avoue que j’avais des fourmis dans les doigts mais je n’ai fait aucune photo… enfin, si, une, une seule, partagée en public restreint sur mon FB.
    En revanche, j’adhère totalement à l’article, je n’ai jamais scandé aucun slogan, pas plus celui-ci, j’attends de voir l’après… mais j’ai peur de ne rien voir une fois que la vague sera passée.

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