Quand survient l’horreur comme celle s’exprima à Paris du 7 au 9 janvier 2015, qui plus est sciemment et volontairement provoquée par le terrorisme, chacun passe par toutes sortes de phases émotionnelles passant de l’incrédulité à la colère, la réflexion (comment en est-on arrivé là ?) n’arrivant quant à elle qu’en fin de procès ou jamais. Comme souvent, un slogan venu d’on ne sait où émerge et s’impose, repris en écho par tout le monde ou presque, chacun se l’appropriant comme pour adoucir les meurtrissures individuelles et collectives du moment. C’est très à la mode dans ce genre de circonstances, on se souvient du « nous sommes tous Américains » du 11 septembre 2001.
Comme un coup de crayon, photographier « Je suis Charlie » est une façon de prendre du recul, de dépasser le slogan, son caractère incantatoire, mobilisateur, fédérateur, enthousiasmant et optimiste pour dissoudre les égoïsmes, mais aussi réducteur, limitant, simpliste, racoleur et n’oublions pas aussi intéressé pour certains opportunistes. Ainsi, ces photographies proposent-elles seulement un point de vue en phase ou décalé sur les conséquences des tueries, à partir duquel chacun pourra se forger sa propre opinion, plus riche que la binarité dans laquelle nous enferme la société hyperconnectée.

Photographies prises le 8 et le 11 janvier à Bourbon Lancy et Moulins sauf la dernière du 13 janvier sur internet
16 images
Voir l'album